Le vieillissement de la population ne pose pas que des questions de santé publique. Alors que la pyramide des âges tend à devenir un cylindre, l’Agence, en partenariat avec l’Agglo Seine Eure, a publié un « panorama du logement à destination des personnes âgées » qui analyse l’adaptation et le renouvellement de l’offre de logement à destination des seniors.
Sur les 100.000 habitants que compte l’agglomération Seine-Eure, 17.000 avaient plus de 64 ans en 2019 contre 10.500 vingt ans auparavant. Le vieillissement de la population constitue une tendance lourde de la démographie française ; selon les projections de l’Insee, l’Agglo Seine-Eure compterait ainsi de 27.000 habitants de plus de 64 ans à l’orée 2040. Cette gérontocroissance est encore plus marquée pour les âges les plus avancés. Ainsi, en 2039, les personnes du quatrième âge (80 ans et plus) seraient deux fois plus nombreuses qu’en 2019. Cette évolution démographique pose nécessairement la question du logement (en autonomie) et de l’hébergement (en cas de dépendance). Leur adaptation, leur évolution et leur mutation sont des enjeux cruciaux qu’il convient d’anticiper.
Le logement enjeu central
Au sein de l’Agglo Seine-Eure, deux problématiques principales sont identifiées. D’abord les logements ne sont pas toujours adaptés aux personnes à mobilité réduite. Ensuite, le caractère rural du territoire pose la question de l’isolement des seniors. Pour ces derniers, comme pour les autres couches de la population, la voiture reste le mode de déplacement majoritaire (77 % des déplacements). En cas d’incapacité à conduire, la faiblesse du réseau de transports en commun constitue donc un obstacle majeur à l’accessibilité aux commerces et services de la vie quotidienne.
Les différentes formes de logements
Afin d’identifier les alternatives – de plus en plus nombreuses – qui permettent aux personnes âgées de se loger, l’Agence a établi dix catégories réparties en trois segments : le parc de logements ordinaires, les logements en résidences et structures dédiées et les établissements médicalisés. Dans son panorama, elle propose un inventaire exhaustif de l’offre existante sur le territoire de l’agglomération.
– Les logements ordinaires
90 % des personnes âgées de plus de 75 ans de l’Eure vieillissent à domicile. Vieillir chez soi, souvent dans un logement occupé de longue date (la moitié des ménages seniors de l’Agglo Seine-Eure occupent leur logement depuis plus de 30 ans) est la solution plébiscitée par les personnes âgées et privilégiée par l’État. Dans ce cas, l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) peut permettre l’accompagnement à domicile, notamment par un proche ou un parent.
Mais d’autres formes de logements ordinaires se développent parallèlement. La colocation intergénérationnelle par exemple a été structurée par la loi ELAN de 2018. Dans ce cas, la loi précise que le locataire (de moins de 30 ans) peut rendre de menus services, à condition que cette collaboration se fasse sans lien de subordination et ne relève pas du Code du travail.
– Les logements en résidence
Les résidences services d’abord sont destinées aux seniors indépendants en quête d’un environnement calme et sécurisé. De statut privé et ne dépendant pas du Conseil départemental, ces résidences se développent fortement aujourd’hui, dopées par le vieillissement de la population et par les nombreux avantages fiscaux qu’elles confèrent aux investisseurs. Alors que l’offre était presque inexistante jusqu’alors, 250 logements seront bientôt disponible dans l’agglomération.
Les résidences autonomie sont un mode d’hébergement collectif accueillant des personnes âgées autonomes ou en légère perte d’autonomie qui ont besoin d’un cadre sécurisant et d’une aide occasionnelle. Leur fonctionnement est cette fois supervisé par le Conseil départemental et leurs gestionnaires sont souvent publics ou parapublics (bailleur social, CCAS, commune). L’Agglo Seine Eure dispose de 350 logements répartis sur cinq établissements. Souvent construites dans les années 70, elles connaissent pour une grande majorité des problèmes de vétusté nécessitant des travaux de réhabilitation.
De la même manière, l‘habitat regroupé est souvent porté par les bailleurs sociaux. Inspiré du modèle des béguinages, il s’agit de regroupements de petites maisons avec jardin ou appartements conçus pour les personnes à mobilité réduite et situés à proximité des centres-villes. Un exemple de ce type existe dans l’agglomération, à Louviers.
L’habitat inclusif et l’habitat partagé et participatif sont les derniers types de logements en résidence. Ils proposent de vivre dans un logement autonome tout en partageant des moments collectifs avec les autres habitants. Ces deux concepts sont voisins et se distinguent par le degré d’autonomie des publics (l’habitat inclusif est souvent destiné aux personnes plus dépendantes) et par leurs textes réglementaires (la loi ELAN pour le premier, la loi ALUR pour le second). À court terme, un projet d’habitat participatif d’une vingtaine de logements va sortir de terre à Louviers. Le projet comporte des logements locatifs sociaux en accession.
– Les établissements de grande dépendance.
Les EHPAD (publics ou privés) existent pour les populations en perte d’autonomie. Actuellement, l’offre en EHPAD semble correspondre aux besoins dans l’Agglo Seine-Eure. Si la situation est moins tendue qu’il y a quelques années, c’est le résultat d’une entrée en EHPAD de plus en plus tardive, couplée à une certaine méfiance vis-à-vis de ces établissements depuis les scandales de ces dernières années (ORPEA, Repotel). La très forte progression du vieillissement, notamment la progression de la tranche des personnes de plus de 80 ans, implique cependant de rester vigilant et réactif sur l’adéquation de l’offre d’hébergement médicalisé avec les besoins des populations très dépendantes.Les EHPAD représentent aujourd’hui la majeure partie du logement dédié aux seniors.
Cependant, le panorama dressé ici montre toute l’étendue des possibles. Les typologies de logements (et leurs hybrides) offrent bon nombre de solutions pour imaginer vieillir sereinement.