Conférence « Sobriété Foncière et Zéro Artificialisation Nette : quels enjeux » ?

Dynamique collective, développement intégré, dessein entre héritage et transmission : voici les questions au cœur de la conférence organisée par l’Agence d’urbanisme de Rouen et des Boucles de Seine et Eure. La matinée du 21 novembre 2022, 80 participants sont alors réunis au Pavillon des Transitions pour assister aux interventions et témoignages de partenaires et d’acteurs :

  • Didier LOCATELLI, Cabinet New Deal
  • Stella GASS, Directrice de la Fédération nationale des SCoT
  • Audrey BENOÎT, Référente territoriale de la Fédération nationale des SCoT
  • Jean-François CHEMIN, Maire de Limesy (76)
  • Laetitia SANCHEZ, Maire de St Pierre du Vauvray (27)
  • Christophe BOUILLON, Maire de Barentin (76) et Président de la CC Caux Austreberthe
  • Ainsi qu’Etienne LEMOINE, MWAH Agence d’architecture et Vice-Président de la Maison de l’Architecture de Normandie

Animées par Djoudé MERABET, Président de l’Agence et Caroline ROUENNIER, Directrice Générale, ces contributions ambitionnent d’apporter un éclairage sur les enjeux relatifs à la sobriété foncière à l’aune de l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) dans les territoires en proposant des décryptages et cas concrets d’application et action.

 

Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de l’Itinéraire Grand Territoire

« Nous avons une réalité à construire ensemble, et ce matin nous contribuons à cette nécessaire dynamique collective engagée dans le cadre de l’Itinéraire Grand territoire. »

Djoudé MERABET, Président de l’Agence d’urbanisme de Rouen et des Boucles de Seine et Eure

La conférence s’inscrit dans le cadre des travaux engagés par l’Agence dans le cadre de l’Itinéraire Grand territoire : un cycle d’études visant à accompagner les six intercommunalités composant son périmètre dans l’appropriation collective des enjeux actuels et à venir.

Des échanges et réflexions ont déjà été engagés sous forme d’atelier de travail, de webinaire, mais aussi de conférence élargie.

 

 

 

 

« L’attractivité au cœur du changement »

L’objectif ZAN est souvent perçu comme un frein pour le développement des territoires. Selon Didier LOCATELLI, cela serait lié à la perception de l’attractivité, qui induit le fait de disposer d’un foncier abondant pour pouvoir accueillir des activités, alors même que depuis plusieurs décennies les politiques publiques n’ont fait qu’accentuer la dissociation spatiale entre habitat et travail.

« La vision de la décentralisation des territoires, basées sur leur périmètre, des compétences exclusives, l’équilibre emplois/actifs/habitat et la revendication du droit égal au développement devient de plus en plus obsolète dans ce contexte favorisant la concurrence entre les territoires »

Didier LOCATELLI, Cabinet New Deal

 

Il pose ainsi la question de la territorialisation de la fiscalité économique (cf. réflexion au sein de l’ADGCF), de l’interdépendance territoriale et de la coopération comme moyen d’action publique.

Le ZAN dirige finalement les territoires vers un nouveau modèle environnemental mais aussi fonctionnel en privilégiant la réhabilitation des logements et des friches, ce qui permettrait de densifier les espaces économiques et de rapatrier les activités compatibles avec l’habitat dans les centres-villes et les centres-bourgs.

 

 

 

« Des applications concrètes »

Le ZAN est un objectif dont on entend beaucoup parler mais il n’est pas toujours simple de visualiser concrètement ce qu’il induit. Stella GASS témoigne sur la démarche de traduction opérationnelle du ZAN au travers d’un éclairage sur ses échelles de déploiement.

« Le SCoT est un outil de stratégie territoriale : il faut choisir pour ne pas subir ! »

Stella GASS, Directrice de la Fédération nationale des SCoT

Augmenter la qualité des aménagements, cela implique de renforcer le pilotage du foncier : plus d’observation, davantage d’articulation des documents de planification, plus de négociation. Le ZAN (Zéro Artificialisation Nette) et le ZEN (Zéro Emission Nette) doivent être appréhendés comme des horizons, qui peuvent être perçus comme contradictoires et qui de fait nécessitent une hiérarchisation. Cela amorce la fin de l’urbanisme de zone (économique notamment) et pousse à apporter une réponse plus globale : placer les espaces non bâtis au sein du projet de territoire.

Contribuer collectivement au développement du territoire, Stella GASS le préconise également. Elle fait état de la nécessité d’améliorer la qualité du dialogue territorial et interterritorial (état, région, bloc local et habitants) en augmentant notamment les allers-retours entre stratégie, plan d’actions mais aussi contractualisation.

Audrey BENOIT, Référente territoriale de la Fédération nationale des SCoT complète l’intervention de Stella GASS en faisant un point sur l’état d’avancement à l’échelle régionale. Cette dernière met en exergue les principales propositions de la Conférence des SCoT pour l’accompagnement des territoires (cf. document joint).

Lors de la conférence, les participants découvrent également des actions concrètes à l’échelle locale portées par les intervenant venus échanger sur cette question : « Comment les territoires s’approprient-ils la réponse à ces enjeux ? ». Jean-François CHEMIN, Laëtitia SANCHEZ, Christophe BOUILLON ainsi qu’Etienne LEMOINE partagent alors leur expérience concrète des défis imposés par la sobriété foncière et la nécessaire refonte des modèles d’aménagement.

« Le bien-vivre ensemble passe par la reconnaissance et le respect de tous. Chacun doit se reconnaître dans ces nouveaux aménagements. »

Jean-François CHEMIN, Maire de Limesy (76)

Pour Jean-François CHEMIN, le maire hérite d’un dessein pour sa commune qui a été mis en place et perpétué par ses prédécesseurs. Son objectif est donc de l’adapter aux enjeux pour le transmettre de nouveau : un travail collectif au long court, de générations en générations. Il place également la mixité sociale et générationnelle mais aussi la participation des habitants au cœur du projet de développement et de densification en cœur de bourg de Limesy.

« Les habitants se sont montrés curieux du devenir de cette friche qui faisait partie du paysage de la commune depuis plusieurs années. Une opportunité pour impliquer la population dans le projet en proposant des visites et en recueillant l’avis des habitant. Il faut faire des contraintes une opportunité. »

Laëtitia SANCHEZ, Maire de St Pierre du Vauvray (27)

Laëtitia SANCHEZ contribue à l’échange en abordant la dynamique collective engagée autour du projet de reconversion de friche industrielle dans sa commune de St Pierre du Vauvray.

 

« Renaturer un espace, ce n’est pas condamner d’autres types d’espaces. »

Christophe BOUILLON, Maire de Barentin (76) et Président de la Communauté de communes Caux Austreberthe.

Christophe BOUILLON intervient ensuite pour expliquer comment la ville de Barentin effectue une réappropriation de patrimoines industriels par le biais de la renaturation et les arts culturels avec le cas de la Friche Badin.

« Cette démarche s’est voulue participative, puisque la ville a mené un référendum avec deux propositions issues de la réflexion collective. »

Selon Christophe BOUILLON, la renaturation d’un espace n’équivaut pas à renoncer à un autre type d’espace : il considère les friches comme de réelles opportunités à réinvestir en différents types d’espaces (logements par exemple).

« On sait aujourd’hui faire performant, à l’échelle du territoire et adapté aux nouveaux enjeux. »

Etienne LEMOINE, Architecte, MWAH Agence d’architecture, Vice-Président de la Maison de l’Architecture de Normandie

Enfin, Etienne LEMOINE aborde sa contribution à un projet global au service des aménités locales pour la commune de Tourny (27). Plusieurs espaces et bâtiments de la commune ont été réaménagés dans un souci de cohérence, de complémentarité mais également dans un esprit très communautaire pour répondre aux enjeux de transition. Un projet ambitieux avec au cœur l’opportunité de (re)découvrir la notion de bien public partagé.

 

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